Surcharge de travail : quels sont les risques et les conséquences possibles ?
La surcharge de travail n’est pas un mal qui date d’aujourd’hui. Mais il est de plus en plus problématique en raison du rythme effréné auquel le monde évolue. Entrepreneurs et employés se retrouvent souvent une charge de travail importante et en subissent les conséquences. Voici un zoom sur les répercussions de la surcharge de travail.
C’est quoi la surcharge de travail exactement ?
On parle de surcharge de travail lorsqu’il est factuellement impossible pour une personne d’accomplir la quantité de tâches demandées dans le temps imparti. D’autres variables peuvent entrer en ligne de compte : les exigences intellectuelles et émotionnelles, la complexité des tâches et les imprévus. Cette surcharge est aussi influencée par des facteurs organisationnels et personnels comme le soutien du gestionnaire ou l’état de santé de l’employé. Sa perception varie d’un individu à un autre.
Il existe deux principales formes de surcharge. Elle peut être qualitative quand la personne ne possède pas les compétences requises pour exécuter les tâches, travaillant ainsi au-delà de ses aptitudes. Ou quantitative quand l’individu possède les compétences, mais manque du temps nécessaire pour achever ses missions.
Il existe des méthodes pour aider les salariés à mieux gérer leur temps de travail en vue d’éviter la surcharge. Mais ces méthodes doivent être accompagnées d’une charge de travail équitable.
Qu’est-ce qui peut générer une surcharge de travail ?
La surcharge peut être d’origine organisationnelle ou individuelle.
Causes organisationnelles
Les causes organisationnelles englobent une quantité excessive de travail, des délais irréalistes, une mauvaise délégation ou répartition des tâches, l’absence de définition claire des priorités. À cela s’ajoutent des directives imprécises, un manque de personnel, d’outils ou de formation, des interruptions fréquentes et des changements organisationnels simultanés. Le départ de collaborateurs ou l’augmentation des projets peut aussi l’aggraver.
Causes individuelles
Celles-ci englobent les lacunes dans les compétences professionnelles, des stratégies de gestion du temps ou des priorités à améliorer, une tendance au perfectionnisme. Peuvent aussi être en cause des difficultés à déléguer ou à partager les tâches, une charge personnelle importante ou des problèmes de santé.
Les manifestations et répercussions de la surcharge de travail
La surcharge de travail est un facteur de risque majeur qui peut entraîner de nombreuses conséquences négatives sur la santé physique et psychologique des travailleurs ainsi que sur l’organisation.
Symptômes psychologiques
Le travailleur peut se retrouver avec des niveaux de stress élevés, une anxiété persistante, des sautes d’humeur, une irritabilité, des difficultés à se concentrer et à mémoriser. Il peut aussi développer un sentiment d’être constamment submergé, une démotivation et désengagement, une perte de confiance et d’estime de soi ainsi que de la culpabilité. L’isolement social peut également survenir.
Symptômes physiques
Le travailleur peut devenir sujet à une fatigue permanente, même après un repos suffisant, troubles du sommeil comme l’insomnie, douleurs physiques, notamment au dos et au cou. Il peut aussi développer des problèmes gastro-intestinaux, palpitations, éruptions cutanées (eczéma, psoriasis), et une baisse des défenses immunitaires.
Burn-out
Une surcharge prolongée peut mener au burn-out ou épuisement professionnel. Il se caractérise par un épuisement émotionnel, une dépersonnalisation et un sentiment de non-accomplissement personnel au travail. Le burn-out à son tour peut causer une dépression plus ou moins sévère, affectant la vie personnelle.
Autres problèmes de santé
Le travailleur pourrait aussi développer des troubles musculosquelettiques, maladies cardiovasculaires (augmentation de 60 % du risque pour 3 à 4 heures supplémentaires par jour). De même, il peut être sujet à un risque accru de diabète de type 2 (pour plus de 55 heures de travail par semaine). À cela s’ajoutent les conduites addictives.
Conséquences organisationnelles
Tout naturellement, on assiste à une diminution de la qualité du travail et de la productivité. Les employés surchargés peuvent prendre des raccourcis pour vite s’en débarrasser. Il est aussi possible d’assister à des conflits d’équipe et taux de rotation élevé. La fatigue et l’épuisement peuvent entraîner une irritabilité accrue et des conflits. Quant au turnover élevé, il nuit à la stabilité de l’entreprise.
Une surcharge de travail donne aussi une mauvaise image de la culture de l’entreprise et peut nuire à la réputation de l’employeur. Une mauvaise gestion du temps de travail a un coût financier important, entraînant des ressources gaspillées et des opportunités commerciales inexploitées. Cela peut se traduire par une hausse de l’absentéisme et du présentéisme.
Le cadre légal et les preuves en cas de surcharge de travail
Bien que n’étant pas définie quantitativement par la loi, la surcharge de travail est un risque professionnel majeur. Le cadre légal impose des obligations aux employeurs et offre des recours aux salariés.
Le Code du travail fixe des durées maximales de travail : 10 heures par jour, 48 heures par semaine et une moyenne de 44 heures sur 12 semaines consécutives. Des repos quotidiens (11 heures) et hebdomadaires (35 heures) sont obligatoires. Un suivi régulier de la charge de travail des salariés en forfait jours est aussi nécessaire. L’absence de ce suivi peut rendre la convention de forfait jours nulle.
L’employeur a également une obligation de sécurité envers la santé physique et mentale de ses salariés. Il doit prendre les mesures nécessaires pour que les conditions de travail ne soient pas dégradées par une charge excessive. En cas d’alerte, l’employeur doit réagir sans délai.
Comment prouver qu’on est en surcharge de travail ?
Pour prouver une surcharge de travail, il est essentiel de s’appuyer sur des faits et des données chiffrées. Les éléments suivants peuvent servir de preuve :
- Feuilles de temps, relevés d’horaires et heures supplémentaires effectuées.
- Rapports d’activité détaillant les tâches et témoignages de collègues.
- Comparaison des missions réelles avec la fiche de poste.
- Communications écrites (e-mails, sms, messages instantanés) concernant la charge.
- Certificats médicaux attestant de la dégradation de la santé (stress, burn-out, anxiété, dépression).
- Comptes rendus de réunion où la surcharge a été évoquée sans solution.
Les conséquences légales pour l’employeur en cas de manquement sont importantes : amendes (jusqu’à 10 000 euros par infraction) et, dans certains cas, peines d’emprisonnement.
Si un travail excessif dure longtemps, il peut être reconnu comme une maladie professionnelle. Si un employé est licencié parce qu’il ne peut plus faire son travail à cause de cette surcharge, l’employeur peut être tenu responsable. Le licenciement serait alors considéré comme injustifié.
Il faut savoir que la surcharge de travail n’est pas du harcèlement moral en elle-même. Néanmoins, si cette situation est excessive, dure longtemps et qu’il n’y a ni aide ni considération, elle peut y mener et rendre l’environnement de travail néfaste.
Conclusion
La surcharge du travail correspond à l’impossibilité d’accomplir toutes les tâches dans le temps imparti :
- Elle peut être causée par des facteurs organisationnels ou individuels.
- Elle peut entraîner des risques psychologiques et physiques.
- Elle peut avoir des conséquences organisationnelles.
Toutefois, la surcharge du travail est encadrée légalement et peut être prouvée grâce à des faits concrets.

